Les profondeurs sont-elles hors de portée ?
QUELLES SONT LES DIFFERENTES CATEGORIES DE START-UP ?
Manifestation d’un dynamisme entrepreneurial croissant, il se crée de plus en plus de start-up technologiques. Pour des échanges facilités entre parties prenantes, et une meilleure appréhension du contexte, s’est imposée une nouvelle taxonomie destinée à classer les start-up par catégorie de technologie mise en œuvre ou par secteur d’activité.
On distingue aujourd’hui les catégories suivantes :
START-UP AVEC UNE FAIBLE INTENSITÉ TECHNOLOGIQUE
Ce sont principalement les AdTech (dans la publicité), ArtTech (dans les arts, la création ou le spectacle), EdTech (dans l’éducation et la formation en ligne), FashionTech (dans le prêt-à-porter et la mode), FinTech (dans la banque, l’assurance et les services financiers), FoodTech (dans l’agroalimentaire, l’alimentation et la restauration), HealthTech (dans la santé), LegalTech (dans le droit et le juridique), MarTech (dans le marketing), PropTech (dans les transactions immobilières), RetailTech (dans le secteur du détail et/ou de la grande distribution).
START-UP DONT LE PROJET EST À FORT CONTENU TECHNOLOGIQUE ET SCIENTIFIQUE
Ce sont par exemple les AgriTech (dans l’agriculture, la pêche ou l’élevage), BioTech (dans les biotechnologies), CleanTech (dans le nettoyage ou le recyclage), GreenTech (dans l’énergie, l’environnement et le développement durable), MedTech (dans le domaine médical et paramédical).
Ces listes ne sont évidemment pas exhaustives et il existe aussi des start-up spécialisées dans la Silver Economy, l’économie sociale et solidaire, l’économie du partage, le tourisme, les jeux en ligne, etc.
QU'EN EST-IL DES TECH(S) PROFONDES ou DEEPTECH ? QUE RECOUVRE CETTE TERMINOLOGIE ?
La technologie est aujourd’hui partout présente et accessible au plus grand nombre à un coût réduit — en conséquence de quoi une très vaste majorité de start-up se présente comme start-up technologique. Pourtant, une entreprise qui vend un produit ou un service traditionnel et utilise une technologie disponible et de « commodité » (comme Uber ou Cabify) n’est pas l’équivalent d’un véritable progrès technologique et scientifique qui, lui, apporte un avantage décisif à l’entreprise. Pour distinguer un phénomène de l’autre, le terme « Deeptech » a été inventé.
Swati Chaturvedi, cofondatrice et PDG de la société d’investissement Propel (x) a inventé le terme en 2014. Insatisfaite par les investissements, prises de position et montées au capital qu’elle avait réalisées, elle a décidé de concentrer en priorité ses efforts sur d’autres projets qu’elle a appelés Deeptech et qui sont caractérisés tant par des bénéfices sociétaux mesurables que par une rupture technologique indéniable. Selon sa définition, la technologie profonde (de rupture) fait référence aux « entreprises fondées sur une découverte scientifique ou une innovation technique significative » et qui cherchent également à rendre le monde meilleur.
Les entreprises de technologie profonde/de rupture (Deeptech) apportent des solutions dans un large éventail de domaines et exploitent des techniques telles que le « Big Data », l’intelligence artificielle ou l’apprentissage en profondeur (Deep Learning) avec une approche plus scientifique que celle généralement observée dans les entreprises de technologie couvertes par les médias et qui font le battage médiatique au CES à Las Vegas. Les Deeptech ne sont malheureusement pas les entreprises numériques qui ont le plus progressé ces dernières années (comme Facebook ou Spotify) et elles ne sont pas non plus basées sur des modèles commerciaux innovants (comme Airbnb). Au lieu de cela, elles résolvent des problèmes réels grâce à des développements scientifiques ou technologiques significatifs.
Outre leur objectif de marquer la société de leur empreinte et d’offrir à un problème clairement identifié une solution au bénéfice tangible, les entreprises de technologie Deeptech constituent une opportunité d’investissement intéressante. « Les investissements dans les technologies de rupture comportent toujours des risques et sont parfois confrontés à des routes plus longues vers la liquidité, mais leurs faibles valorisations peuvent fournir des rendements significatifs », affirme Propel (x).
FINALEMENT QUELS SONT LES TROIS POINTS SAILLANTS QUI CARACTERISENT UNE TECHNOLOGIE DE RUPTURE ET UN PROJET DEEPTECH ?
- La technologie développée est susceptible d’avoir de larges conséquences et retombées pratiques, mais elle nécessite un investissement initial très conséquent et la phase de mise au point est longue, complexe et périlleuse.
- Une technologie de rupture est inédite, elle établit un nouveau standard et supplante les technologies existantes dans son domaine. Elle se manifeste souvent par une fracture, un saut technologique dans le continuum de l’innovation.
- La technologie de rupture nnécessite un processus de recherche et développement ouvert, concerté et accompagné pour porter le projet du stade du laboratoire au produit fini commercialisable et qui adresse un « job to be done » effectif.
La plupart de ces nouvelles technologies sont destinées à résoudre les défis sociétaux et environnementaux auxquels la société est déjà confrontée et qui menacent sévèrement l’avenir des générations futures. Beaucoup d’entre elles façonneront de nouvelles méthodes et pratiques qui permettront de surmonter les obstacles, dompter les problèmes et offrir des solutions accessibles au plus grand nombre.
Sur les 2 000 start-up qui ont participé en 2017 au Global Challenge organisé par Hello Tomorrow 1 646 portaient un projet conçu pour résoudre un problème lié au développement durable tel que défini par les Nations Unies dans ses 17 SDGs (Sustainable Development Goals).
Ces technologies de rupture ont le pouvoir de créer leurs propres marchés et de perturber et déstabiliser les industries existantes. La propriété intellectuelle qui y est associée est difficile à reproduire et le plus souvent très bien protégée. Les projets lancés présentent donc souvent un avantage compétitif décisif et une précieuse barrière à l’entrée matérialisée par des verrous technologiques difficiles à lever.
QUELS SONT, SELON LE BOSTON CONSULTING GROUP (BCG) ET HELLO TOMORROW, LES SEPTS PRINCIPAUX DOMAINES DE RECHERCHE ET DEVELOPPEMENT QUE L'ON RETROUVE CHEZ LES DEEPTECH ?
le Boston Consulting Group (BCG) et Hello Tomorrow, les sept principaux domaines de Recherche et Développement que l’on retrouve chez
les DeepTech ?
Ce sont essentiellement les domaines des matériaux avancés, de l’IA (Intelligence Artificielle), des biotechnologies, de la blockchain, des drones et des robots, de l’électronique et de la photonique et du calcul quantique.
Selon l’étude menée conjointement par le Boston Consulting Group et Hello Tomorrow il apparaît que, pour celles qui ont été rendues publique (59 %), les levées de fonds les plus nombreuses ont été concentrées sur les biotechnologies et la photonique/électronique. Le calcul quantique quant à lui n’est adressé que par huit sociétés localisées dans seulement quatre pays.
L’étude du BCG et de Hello Tomorrow offre une autre perspective intéressante en croisant les six principaux domaines technologiques examinés, dans l’échantillon étudié, avec une approche métier/industrie. L’industrie du Health Care semble être le secteur qui fait le plus largement appel aux technologies profondes.
QUELS SONT LES PAYS LES PLUS DYNAMIQUES ET ATTRACTIFS POUR LES PROJETS DEEPTECH ?
Bien que les États-Unis et la Chine trustent les deux premières places, lorsque l’on ramène le nombre de start-up Deeptech à la population, l’image est bien différente. (voir figure ci-dessous).
COMME LA PLUPART DES ENTREPRISES AUJOURD’HUI LES START-UP DEEPTECH EVOLUENT DANS UN ECOSYSTEME
Comprendre et naviguer dans cet écosystème est une tâche ardue, complexe, consommatrice de ressources et qui très souvent déstabilise et désoriente les porteurs de projet. Comprendre son articulation est primordial. Rechercher des interlocuteurs bienveillants et disponibles dans chacune des communautés parties prenantes permet de recevoir des conseils avisés et obtenir un support essentiel à la réussite du projet. (voir figure ci-dessus).
DE QUOI LES START-UP DEEPTECH ONT-ELLES BESOIN ET QUE RECHERCHENT-ELLES ?
Le BCG BCG constate dans son enquête réalisée en 2017 que la priorité absolue, selon le panel étudié, est le financement. 80 % de l’échantillon le classe parmi leurs trois principales exigences. Mais ce n’est pas, et de loin, la seule préoccupation des porteurs de projet. Les start-up s’adressent et se tournent aussi vers l’écosystème pour bénéficier d’un accès facilité au marché (61 %), d’une expertise technique (39 %) et d’un support dans la conduite des affaires (26 %).
Ces besoins évoluent au fur et à mesure que les start-up et leurs produits se rapprochent du marché. Les sources de financement et d’apport en capital doivent également s’adapter en fonction des différentes phases de développement du projet, ce qui constitue une difficulté supplémentaire.
DANS CE CONTEXTE PARTICULIER QUEL EST L'APPORT DU DRAHI X-NOVATION CENTER POUR UN PORTEUR DE PROJET DEEPTECH ?
Au centre d’un écosystème aux dimensions scientifiques et technologiques uniques, le Drahi X-Novation center (grâce à son incubateur, son accélérateur et ses outils de financement, mais aussi ses espaces de coworking et de prototypage) permet à l’École polytechnique d’accompagner et d’incuber des start-up technologiques parmi les plus innovantes du pays. L’hébergement au sein de l’école favorise un accès privilégié à l’écosystème de l’X : laboratoires, étudiants, entreprises.
L’équipe pluridisciplinaire dédiée, l’expertise d’ingénieurs de l’X, les espaces de prototypage sur 1000 m2 offrent un ensemble de ressources qui contribuent au succès de tout projet entrepreneurial.
Le programme X-UP, lancé en 2015, conçu à destination des start-up technologiques « early-stage » offre un programme d’accompagnement complet et unique. Il a accompagné avec succès plus de 80 porteurs de projets.
Il permet au porteur de projet de structurer son entreprise, de construire son réseau professionnel, de vérifier et prouver la valeur de son concept, de créer, de tester et d’améliorer son prototype, de déterminer son « business model » et de développer sa stratégie de financement. Pendant six mois, la start-up bénéficie du soutien apporté par un « program manager ».
Le dispositif X-Tech Booster offre aux start-up matures un environnement unique qui favorise l’échange, la collaboration, l’open innovation et les partenariats. La proximité du centre de recherche de l’École permet un accès facilité à des ressources matérielles et des conseils avisés. La proximité entre les start-up matures et early stage encourage l’échange, le partage d’expérience, initie la collaboration technologique et ouvre à ces dernières l’accès à un réseau de partenaires et de clients potentiels.
La Direction de l’Innovation et de l’Entrepreneuriat (DEI) en prise quotidienne avec les start-up, les entreprises et l’enseignement académique a identifié les principales difficultés et frustrations que les entreprises et leurs équipes peuvent éprouver quand il s’agit de lancer un projet intrapreneurial, Deeptech a fortiori.
Tandis que le besoin d’innover, afin de se distinguer de la concurrence, est le plus souvent parfaitement bien identifié, la prise de risque que cela impose et les blocages structurels sont suffisants pour empêcher les initiatives d’être menées à bien.
C’est pourquoi X-Corporate, un programme d’excubation novateur à destination des entreprises a été développé.
L’objectif de ce programme est d’offrir le meilleur dispositif intégré de germination, d’accueil et d’accompagnement de projets intrapreneuriaux dans un écosystème scientifique et académique unique. Pour accomplir cet objectif, la DEI se repose sur un écosystème à très forte valeur ajoutée.
Cet écosystème, qui favorise l’open innovation, permet d’apporter une réponse construite sur la combinaison réussie de trois facteurs :
- Des talents,
- Un environnement privilégié,
- Une méthodologie éprouvée.
Par la réunion en un espace commun et partagé de ces trois dispositifs et l’accès à des ressources de prototypage de haut niveau, la start-up Deepech qui intègre l’Incubateur maximise ses chances de succès. (voir figure ci-dessus).
QU'IL SOIT AU STADE DU CONCEPT OU QUE LE PROJET DEEPTECH AIT DEJA UNE CERTAINE MATURITE, QUEL BENEFICE L'ECOSYSTEME DE L'X ET L'INCUBATEUR OFFRIRONT AU PORTEUR DE PROJET ?
Intégrer un écosystème et contribuer à son enrichissement est essentiel à un porteur de projet pour acquérir reconnaissance, notoriété et faciliter le « go to market ». Rejoindre un écosystème favorise également la collaboration et l’open innovation. Cela garantit de développer son produit avec les dernières technologies tout en gardant à l’esprit la nécessité d’assurer sa portabilité et son évolution.
Le Drahi X-Novation Center facilite la prise de conscience que la clé du succès est, pour chaque jeune porteur de projet, de démontrer sa capacité à bâtir des relations de collaboration qui vont au-delà de celles qui existent déjà. Un des enjeux est de pouvoir s’aligner autour d’une vision partagée avec des objectifs à court et long terme et un corpus commun de connaissances. Un autre défi consiste à « trouver ce que vous ne cherchiez pas », c’est-à-dire développer de nouvelles solutions grâce à la convergence d’expertises provenant d’autres domaines ou industries. La clé n’est pas non plus de se fier uniquement au hasard, mais de solliciter intentionnellement les compétences d’autres secteurs industriels pour élargir les perspectives.
Certes le financement et les levées de fonds sont deux points déterminants dans un projet Deeptech, mais au-delà de ces deux critères, s’entourer d’experts, créer son réseau, partager connaissances et meilleures pratiques, coopérer, collaborer et comprendre que la réussite du projet pourra être un voyage au long cours avec de multiples obstacles, sont toutes des capacités essentielles que le programme du Drahi X-Novation Center développera chez les porteurs de projet.
Pierre-Yvon MECHALI
a acquis ses compétences professionnelles dans l’industrie informatique pendant 30 années. Il justifie d’une compréhension à 360° de l’entreprise après avoir successivement assuré une direction commerciale et du service clients, une direction achats et marketing et des positions de direction générale. Il obtient en 2018 un MBA en management de l’innovation aux Ponts et Chaussées.