[Télécom ParisTalks] Les nouveaux réseaux par satellites : risques et opportunités
La 20e conférence Télécom ParisTalks, coorganisée par Télécom Paris alumni et Télécom Evolution, s‘est tenue cette année pour la première fois en visioconférence et a accueilli le 19 novembre plus de 200 participants, avec les présentations de cinq sociétés du secteur spatial européen.
Damien Garot, consultant de Jansky Partners, a présenté les segments de l’économie spatiale, près de la moitié du secteur étant liés aux services de télévision et télécommunications, y compris la vente d’équipements sol associés. Il a ensuite expliqué les facteurs de transformation du « New Space » : le coût décroissant d’accès à l’espace, les technologies numériques de plus en plus performantes, l’arrivée de nouveaux acteurs venant des télécommunications terrestres et du monde de l’Internet, avec une acceptation plus grande du risque par ces entrepreneurs.
Damien a dressé le panorama de satellites géostationnaires (GEO) de plus en plus puissants, et de nombreuses constellations en orbite moyenne (MEO) ou basse (LEO), certaines prévues avec des milliers de satellites pour apporter un accès haut débit à la planète entière. On assiste ainsi à de nombreuses initiatives, avec des financements de centaines de millions, voire plusieurs milliards de dollars.
Yohann Leroy, CTO d’Eutelsat, a parlé d’une double rupture : une forte croissance des services vidéo sur Internet, et une évolution rapide des technologies spatiales. Les deux tiers des revenus de l’opérateur Eutelsat restent cependant encore liés à la vidéo, mais des opportunités nouvelles avec la décroissance rapide du coût de la capacité satellitaire.
Yohann a expliqué que les constellations LEO large bande sont aujourd’hui peu rentables et risquées, leurs promoteurs visant le plus souvent une rentabilité indirecte avec d’autres revenus, ou recherchant pour le long terme un avantage de premier entrant sur ce marché. L’Europe lui apparaît à ce jour encore mal positionnée sur ce segment, mais avec des atouts grâce à sa maitrise technologique et, depuis peu, grâce à une prise de conscience politique.
Hervé Derrey (1991), PDG de Thales Alenia Space, a dressé un panorama technologique, avec en particulier des satellites plus compacts et facilement reconfigurables. La société a participé à toutes les constellations aujourd’hui opérationnelles, et s’implique dans de nombreuses initiatives nouvelles. Elle prépare aussi la future convergence satellite-terrestre en 5G, avec des bénéfices attendus en termes de services et de réduction des coûts.
Hervé a enfin indiqué qu’un consortium réunissant tous les grands acteurs européens du secteur s’est formé pour participer à un projet ambitieux de constellation visant à la fois des applications dans le domaine de la sécurité et des services commerciaux.
Fabien Jordan, CEO d’Astrocast, a expliqué le positionnement du premier opérateur de satellite suisse sur le marché de l’Internet des Objets. Sa société utilise les nouvelles technologies nanosatellites « cubesat », et a intégré tous les éléments de la chaîne de valeur : fabrication des satellites, définition avec Airbus du protocole radio, réalisation d’un chipset avec le CEA/LETI pour les modules terminaux. Aujourd’hui commence la phase commerciale avec bientôt les cinq premiers satellites d’une constellation qui en comptera 80, la plateforme interne de contrôle étant déjà opérationnelle.
David Henri, CEO de la start-up Exotrail, a présenté les innovations pour la mobilité en orbite des petits satellites, celles-ci permettant aux opérateurs d’optimiser le cout de mise en place de leur constellation. La société propose des services d’optimisation des opérations de mise en orbite, ainsi que des équipements de propulsion pour les satellites et pour des véhicules de transport orbital.
David a expliqué que sa start-up cherche en permanence l’équilibre entre expérience et esprit d’innovation, associé à une prise de risques contrôlée.
Une table ronde animée par Didier Verhulst (1980), consultant de Cell & Sat, a enfin abordé les questions posées par les participants au webinaire. On a ainsi parlé de la régulation concernant les satellites en fin de vie et le contrôle des débris en orbite. La table ronde a discuté ensuite du coût des terminaux, aujourd’hui encore élevé pour les constellations large bande, et des opportunités que pourrait apporter à terme la standardisation 5G.
La conférence s’est conclue sur l’espoir que le nouveau projet européen permettra à notre écosystème de continuer à se développer tout en garantissant la souveraineté d’un secteur spatial hautement stratégique.
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