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30 décembre 2020

Le financement des entreprises Deeptech de A à Z

ur scruté avec attention et éminemment stratégique, la Deeptech fait couler beaucoup d’encre. Nous avons listé pour vous les dispositifs dilutifs et non-dilutifs accessibles aux entrepreneurs du secteur.


Les start-up de la Deeptech sont le fruit d’années de recherche et d’expérimentation (en mathématiques, physique, médecine, ingénierie), portées par des profils scientifiques et aboutissant à la commercialisation d’une technologie de rupture.

Les sujets de prédilection sont multiples et répondent aux enjeux pressants du XXIe siècle. On trouve ainsi les alternatives aux produits animaliers ou les jeux de réalité virtuelle en B2C ; la cybersécurité, les batteries électriques ou l’agriculture verticale en B2B ; ou encore les nouveaux traitements médicaux développés avec l’IA ou la réalité virtuelle en B2B2C.

La pépite tricolore Ÿnsect, nommée au Next40 2019[1] et productrice de nourriture animale à base d’insectes, en est constitutive. On peut également mentionner le fleuron technologique Devialet, dont la technologie acoustique est protégée par plus de 160 brevets et qui connaît une croissance exponentielle depuis ses débuts en 2007.

LES ENJEUX DU FINANCEMENT DES DEEPTECH 

Le référentiel temporel propre aux Deeptech (avec de longs cycles de R&D et une perspective de commercialisation lointaine) les rend très gourmandes en capital. Leur besoin en financement est conséquent et étalé dans le temps. Une réalité qui met en lumière les limites du modèle traditionnel de financement via capital-risque :

  • Seuls les fonds d’investissement peuvent accorder un montant conséquent de capital, ce qui se traduit par une « vallée de la mort » plus large qu’accoutumé pour les entrepreneurs du secteur. Certains business angels sont certes actifs dans le milieu, mais cette prise de risque accrue s’explique généralement par l’expertise de l’individu dans le secteur d’application de la solution. La Deeptech reste en définitive un terrain de chasse d’initiés.

  • Les véhicules d’investissement ayant une durée de vie d’environ une décennie et le cycle de recherche des Deeptech étant parfois presque aussi long, la question du timing est essentielle.

  • La Deeptech est hors catégorie pour la due diligence des investisseurs : en effet, quelles métriques utiliser pour mesurer les avancées de l’équipe de chercheurs ? Quelles conclusions tirer en cas de fausse route ou d’impasse ? Comment évaluer le burn rate de la start-up ? À quelles étapes se référer pour déterminer la maturité de la start-up lorsque le référentiel temporel est si particulier ? Tout dépend des secteurs d’application de la solution développée (médecine/santé, intelligence artificielle, etc.), les métriques sont alors propres à chaque investisseur[2].

  • Le roadshow pour lever des fonds est éreintant pour les fondateurs et nécessite de mettre en pause l’opérationnel, alors que c’est précisément sur cela qu’ils doivent maintenir la concentration.

TOUR D'HORIZON DES FINANCEMENTS EXISTANTS

Les fonds d’investissement spécialisés dans les Deeptech ne manquent pas en France, on en trouve une quinzaine[3], dont Idinvest, Elaia, Karista, Kurma Partners. Les Deeptech ont besoin d’un véritable continuum de financement pour maintenir un niveau suffisant de capitaux, sur le long terme et tout en limitant la dilution des fondateurs. C’est là qu’intervient le financement public non dilutif, multiface et ponctuel.

La French Tech est régulièrement saluée pour la qualité et l’étendue de ses dispositifs de financement public. Aides à l’innovation (BFT, ADI), aides fiscales (CIR, CII), prêts d’amorçage (PAI), prêts d’honneur (Réseau Initiative, Réseau Entreprendre), concours (i-Lab, i-Nov, i-PhD) et donations… la liste est longue.

Un ensemble de solutions particulièrement intéressant pour les Deeptech, puisque leur caractère innovant leur permet de cocher de nombreux critères pour ces aides.

En outre, les banques se montrent particulièrement actives dans le financement des start-up et des prêts sont envisageables en later-stage pour les Deeptech, une fois les principales étapes de développement technologique et d’incertitude passées.


Adrien CHALTIEL
est fondateur de plusieurs start-up dans les domaines des médias, des ressources humaines et de la communication digitale. Passionné par les défis et l’innovation, il a créé la plateforme de financement Eldorado.co en 2017 pour aider les entreprises innovantes à trouver des financements.

 @AdrienChl

adrienchaltiel


Références

[1] https://eldorado.co/blog/2019/09/18/indice-next40-edition-2019

[2] / [3] https://eldorado.co/blog/2019/03/22/8-les-fonds-deeptech-et-lifesciences-en-france


À RETENIR

  • Le besoin particulier de financement des Deeptech nécessite de combiner financement dilutif et non-dilutif
  • Opter pour du dilutif nécessite de s’adapter aux attentes des investisseurs, ou du moins de trouver des experts et fonds spécialisés en la matière
  • Bpifrance est particulièrement active depuis 2019 pour faire de la France un champion dans la discipline.

Auteur

Adrien Chaltiel

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