Dé-numériser notre civilisation pour plus de résilience ?
L’écosystème numérique est de plus en plus fragilisé par les tensions géologiques et géopolitiques actuelles. À l’échelle des décennies à venir, une « dé-numérisation voulue » semble inéluctable pour augmenter la résilience de notre civilisation. Reste à convaincre les acteurs du numérique de s’y intéresser et d’en tirer profit.
Comme nous avons déjà dépassé six limites planétaires sur les neuf recensées par les scientifiques1 , l’humanité entre dans une période particulièrement instable, caractérisée par des crises environnementales et sanitaires majeures2 telles que l’eutrophisation des milieux aquatiques, l’acidification de l’eau et du sol, le dérèglement des climats locaux, l’effondrement de la biodiversité, etc.
Les représentants politiques et les décideurs économiques des pays développés apportent une réponse technologique à ces crises : capture du CO2, réseaux de capteurs pour surveiller la faune et la flore, véhicules électriques autonomes, etc. Cette voie technologique semble possible sur le papier, mais elle ne résiste pas à une confrontation aux limites physiques terrestres.
L’épuisement très rapide des ressources abiotiques doit nous faire prendre conscience que le niveau actuel d’intrication de la technologie avec nos modes de vie et notre économie est le principal talon d’Achille des pays développés. Face aux crises environnementales et sanitaires, la dépendance des individus, des entreprises et des nations vis à vis du numérique est dangereuse en termes de pérennité.
Pour renforcer la résilience de l’humanité, nous devons simplifier le numérique et en faire un usage plus sobre.
Numérique : un château de cartes prêt à vaciller ?
À l’issue des deux premières guerres mondiales, « l’interdépendance choisie » a permis d’apporter de la stabilité politique et économique dans la plupart des pays dits « développés ». Des pays se sont alliés pour créer de grandes zones politiques « amies ». C’est le cas de l’Union Européenne, mais aussi en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie. Cette stabilité politique a permis à son tour de développer des zones économiques et de les lier...