Quelques réflexions sur la sobriété en électricité
L ’appel à pratiquer la sobriété énergétique est évidemment souhaitable en période de crise mais, en ce qui concerne l’électricité, la sobriété comme mode de vie durable peut être perçue comme une résignation face à un État défaillant ou comme une défiance dans le progrès scientifique et technique. Quelques considérations sont proposées dans le présent article pour illustrer cette problématique et faire apparaître les ambiguïtés d’un concept en apparence simple.
50 ans après le premier choc pétrolier, alors qu’une nouvelle crise de l’énergie submerge l’Europe de l’Ouest et la France en particulier, on aurait pu espérer que des leçons avaient été tirées des expériences passées, d’autant que nos aînés nous ont légué un parc nucléaire conçu justement pour faire face à une telle crise et que le rôle et l’importance stratégique de l’électricité n’ont cessé de croître. Et pourtant, mutatis mutandis, la crise commencée en 2022 résonne des accents de 1973-1974, si ce n’est qu’au lieu de « Chasser le gaspi » le gouvernement nous invite à la « sobriété » avec le slogan « Je baisse, j’éteins, je décale » et un objectif affiché de « réduire notre consommation d’énergie de 10 % dans les deux ans et de 40 % d’ici 2050 »2.
L’ADEME a publié en novembre 2019 un rapport3 très riche sur le concept de sobriété, dont la sobriété énergétique. Le rapport estime qu’il n’existe pas de définition simple, partagée et acceptée de la sobriété, et il est même indiqué (page 13) que la « sobriété apparaît comme un concept vague, faisant appel lui-même à des concepts dont les définitions ne sont pas stabilisées, notamment la notion de besoins ». Il est aussi indiqué que les « chercheurs, acteurs économiques et représentants...