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15 juin 2019

Revue TELECOM 193 - Le numérique au service des territoires

LE NUMERIQUE AU SERVICE DES TERRITOIRES

Les écrans, réseaux et capteurs ne sont bien sûr pas la solution universelle à toutes les problématiques rencontrées par les collectivités. Mais toutes s’accordent pour dire que le numérique peut servir l’intérêt public et aider à relever les défis des territoires.

Dans bien des cas, le numérique permet à la fois de renforcer l’attractivité de la ville auprès de ses habitants et d’optimiser la dépense publique à travers des services plus performants.

Les services aux citoyens


Le premier grand volet des services rendus par le numérique concerne directement l’amélioration de l’attractivité auprès des citoyens.

Du paiement dématérialisé des horodateurs aux démarches administratives en ligne, les besoins des habitants servis par le numérique sont vastes et variés.

En prenant l’exemple du stationnement, qui de notre expérience est souvent cité comme une priorité par les habitants, toutes sortes de solutions numériques peuvent y répondre. Des capteurs présents sous la chaussée comme à Angers permettent de s’assurer du bon respect du temps maximum de stationnement, afin d’en garantir la disponibilité. Des solutions innovantes d’aide au stationnement (comme Path to Park de Parkeon), permettent grâce à des algorithmes de déterminer les rues dans lesquelles la probabilité de trouver une place est la plus forte. On pourrait encore citer le paiement dématérialisé des horodateurs ou la réservation digitale de places de parking. Tout est mis en œuvre pour combattre le stress et les frustrations liés à la recherche d’une place.

Concernant la mobilité d’une manière plus générale, en milieu rural, les applications numériques sont essentielles notamment pour les territoires faiblement reliés à une offre de transport en commun. Elles permettent l’accès au co-voiturage (ouestgo.fr en Bretagne), au transport à la demande ou à l’autopartage, comme dans la Communauté de Communes de la Haute Vallée de Chevreuse où des personnes ne pouvant pas conduire peuvent réserver une voiture et faire appel à des chauffeurs bénévoles via une application numérique.

Enfin, les solutions numériques prennent de l’essor du côté également des commerçants qui étendent leurs offres de services et leur visibilité, et du côté de la démocratie participative grâce à des outils comme Fluicity ou Tellmycity qui permettent aux habitants de participer à la vie citoyenne à travers des sondages, des débats ou des appels à idées.

L’optimisation des performances des services des collectivités

En changeant de point de vue, et cette fois en s’intéressant aux besoins des services des collectivités et de leurs agents, on trouve de très belles initiatives digitales créées pour optimiser la performance des activités, et donc réduire la dépense publique.

Parmi les thématiques qui bénéficient le plus du numérique, on retrouve la gestion des déchets, de l’eau et l’efficacité énergétique.


Du côté de la gestion des déchets, les capteurs de remplissage sur les points d’apport volontaires permettent d’optimiser les tournées de ramassage, d’éviter à un container de déborder et à un autre d’être vidé alors qu’il était à moitié plein. La géolocalisation des camions contribue à réduire les coûts en gérant les flottes et les tournées en temps réel (reroutage, remontées d’anomalies, etc…).

Dans le domaine de la gestion de l’eau, l’IOT a permis des économies substantielles aux communes, via la remontée d’informations autrefois plus difficiles à obtenir. La détection des fuites a été renforcée, comme à Hombourg-Haut en Moselle, où la mise en place d’un système de télérelève a permis d’élever le rendement du réseau (rapport entre l’eau produite et l’eau vendue) à 89 %, alors que le minimum requis au niveau national est de 66%.

De la même manière, la télérelève et la télégestion dans le domaine de l’énergie permettent un pilotage plus fin et à distance du chauffage, du refroidissement, de l’eau chaude sanitaire ou encore du réseau électrique dans les bâtiments publics équipés de capteurs. Il est désormais facile d’arrêter le chauffage des écoles pendant le week-end en l’absence des élèves, ou encore d’adapter au quotidien le niveau de chauffage ou de refroidissement dans les bâtiments. Le suivi de la consommation permet également d’identifier les besoins en maintenance ou en travaux d’isolation.

Dernière mesure très plébiscitée par les collectivités : le passage à l’éclairage public via des lampadaires connectés LED. Le retour sur investissement étant facile à démontrer, de nombreuses communes franchissent le pas et rénovent entièrement leur système d’éclairage. Ces nouveaux candélabres permettent la mise en place de nouvelles optimisations comme la détection de lampadaires défectueux, ou encore l’ajustement de l’intensité lumineuse à un niveau et à un horaire choisis à l'avance. Ces technologies permettent à une ville comme Clermont-Ferrand 35 à 40 % d'économies d'énergie, et jusqu'à 60 % aux heures profondes de la nuit.

L’Intelligence Artificielle (IA), prochain domaine de développement des smart cities ?

L’Intelligence Artificielle est une technologie qui a le pouvoir de démultiplier l’impact des solutions numériques. On peut estimer qu’elle sera mise dans un futur proche au service de la ville et du citoyen. On voit apparaître des expérimentations, comme à Aix-Marseille pour le traitement des demandes administratives avec la mise en place d’agents conversationnels (chatbot). À Nice, l’IA est utilisée pour renforcer la sécurité : la reconnaissance de silhouette sur les images de vidéosurveillance permet de suivre une personne au milieu d’une foule. Et dans l’Hérault, l’analyse d’images satellites ou d’images de drones via l’IA est étudiée par les services de l’État pour détecter les décharges sauvages ou les déboisements non autorisés.

Les perspectives de croissance de l’IA sont énormes, et au-delà de ces exemples, on peut s’attendre à ce que son développement impacte fortement les collectivités

À retenir

• Les territoires trouvent aujourd’hui avec le numérique des solutions pour se développer et répondre à leurs défis.

• Que ce soit pour renforcer l’attractivité de la ville, optimiser sa gestion, réduire la dépense publique, ou même répondre aux objectifs environnementaux des villes durables, les retours d’expériences positifs de déploiements sont de plus en plus nombreux.

• Les services publics en sortent renforcés, dès lors que les besoins des habitants ont été pris en compte, que ces nouveaux services s’étendent à tous les bassins de vie quelle que soit leur densité de population, et que leur mise en œuvre est éthique et responsable.

Biographie des auteurs

I
Ingénieur Télécom Paris, Directeur Associé en charge des opérations chez Cepheid Consulting, Matthieu Garreau dispose de plus de 15 ans d'expérience dans le conseil en stratégie, marketing et management.


Senior Manager chez Cepheïd Consulting en charge de l’innovation, diplômé de Centrale Nantes et l’ESSEC, Laurent Botaya (2000) a une expérience de plus de 12 ans passée au sein de grands groupes, PME ou start-up, principalement en stratégie et stratégie digitale.

Auteurs

Laurent Botaya

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