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15 juin 2019

Revue TELECOM 193 - Avant-propos par Louis-Aimé de Fouquières (1982)

AVANT-PROPOS


Dans la revue TELECOM n° 193


Avec Se transformer ou mourir, les grands groupes face aux start-up, Jean-Louis Beffa interpelle les grandes entreprises, mais aussi les administrations à engager une véritable transformation numérique de leur activité. Nous avons donc pensé utile de faire témoigner quelques grands acteurs de la numérisation des administrations. Avançons-nous à la bonne allure, dans la bonne direction ?

Nous avons recherché quelques points de vue contradictoires, voire polémiques. S’agissant d’une profonde transformation de notre société, les visions des citoyens, des administrations locales et centrales, des concepteurs, ont bien du mal à converger. Il y a vingt ans déjà, le projet d’état-civil en ligne n’a abouti qu’à un portail énumérant les mairies qui proposaient un service web de demande d’acte de naissance. On mesure le progrès fait avec la délivrance de documents d’identité d’aujourd’hui, avec préparation du dossier en amont, collecte automatique de l’acte de naissance, prise de rendez-vous et suivi du dossier en ligne.

Pourtant, d’importantes disparités existent encore pour le citoyen. À côté de Télérecours, qui permet au simple justiciable de saisir en ligne la justice administrative et de suivre son affaire sans échange de courrier, la chaîne de recours relative au stationnement payant – prêt de dix mille verbalisations par jour rien qu’à Paris –, laisse le citoyen automobiliste à l’abandon. Le cas d’erreur sur le stationnement résidentiel n’est pas pris en compte, les bons principes du « dites-le nous une seule fois » sont ignorés et l'application de recours en ligne est encore instable.

Nous commençons notre visite de l’administration numérisée avec Sara Clignet, qui nous emmène en Estonie, championne de l’administration électronique. De retour en France avec Matthieu Garreau et Laurent Botoya, nous nous intéressons aux initiatives des collectivités, lesquelles subissent une forte pression de leurs citoyens.

Nous demandons ensuite leur avis à deux acteurs de l’administration électronique : Philippe Vrignaud, directeur de projet à la DINSIC, et Emmanuel Pesenti, fondateur de French-Road. De ces avis contrastés émergent les enjeux essentiels pour une administration électronique de qualité : la nécessité d’une relation de confiance entre l’usager et l’administration ; la question des échanges de données entre des administrations alors que celles-ci conduisent des projets tendant à isoler leurs données respectives ; la remise à plat des interactions entre citoyens et administrations, pour éviter de mettre un vernis numérique à de simples échanges de documents ; enfin, la question de l’archivage d’échanges dématérialisés, dans le respect des règles de protection des données individuelles.

Il est temps d’examiner des initiatives et réalisations récentes relevant de la transformation numérique de l’État. Magued Abdel-Maaboud, chargé de mission à la DINSIC, nous décrit les évolutions des grands projets ministériels qui constituent le socle de l’administration électronique. Voyons maintenant comment sont facilités les échanges intra-administratifs, avec l’innovation des systèmes de communication de l’État que conduit Guy Duplaquet, et la messagerie instantanée interministérielle Tchap sous l’égide de Xavier Béchade.

La question de l’identification en ligne pour tous est cruciale. Valérie Péneau nous indique comment chaque citoyen pourra demander, d’ici quelques mois, une carte d’identité numérique. Mais si désormais les données personnelles circulent dans de nombreuses applications administratives, toutes les précautions doivent être prises pour que les libertés individuelles soient intégralement préservées : Fabrice Mattatia nous décrit l’organisation originale mise en œuvre à cette fin au ministère de l’Intérieur.

La numérisation des administrations n’est pas une fin en soi. Elle doit faciliter la vie citoyenne, et permettre une meilleure ressource des compétences administratives. Bertrand Pailhès nous fait part de son expérience en utilisation de l’intelligence artificielle dans les applications de numérisations.

Au nom du Comité de rédaction, je tiens ici à remercier chaque auteur pour la qualité de sa contribution au présent dossier. La numérisation des administrations est bien en marche, mais des révolutions culturelles sont encore nécessaires. Puisse ces textes donner la mesure des enjeux et des défis à relever pour l’avenir.


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