Revue TELECOM 187 - Intelligence artificielle & Droit
INTELLIGENCE ARTIFICIELLE & DROIT
Par Sandrine Morard, Fondatrice de SoftLaw dans la revue TELECOM n° 187
Il y a quelques mois, quand JP Morgan annonçait qu’un logiciel développé en interne avait pu faire en quelques minutes un ensemble de tâches qui auraient pris 360 000 heures à des avocats, le coup était parti : l’application de l’intelligence artificielle au secteur juridique qui paraissait jusqu’alors comme une perspective de mutation très lointaine des métiers juridiques devenait une réalité beaucoup plus concrète aux yeux des professionnels du Droit.
Depuis lors, la question n’est plus de savoir si le domaine juridique échappera aux évolutions provoquées par l’intelligence artificielle mais de savoir quel sera le rythme et la forme de ces évolutions.
Les réactions face à ce bouleversement ont naturellement suivi la célèbre courbe du changement avec les paramètres suivants :
• le choc et le déni : pour beaucoup, il a été dans un premier temps difficile de croire que ce métier d’expert puisse être touché par l’automatisation ;
• la peur : certains professionnels ont un moment craint de se faire voler leur emploi par une machine ou encore des erreurs liées à une mauvaise utilisation de celle-ci.
Pourtant, face à la complexité toujours croissante du cadre juridique et réglementaire, face à l’accélération du rythme des affaires et face à la pression croissante sur les budgets alloués aux services juridiques, le travail du juriste ou de l’avocat est de plus en plus difficile et multiple : il doit, en effet en, faire toujours plus alors que le temps et les moyens à sa disposition sont de moins en moins nombreux.
De même, alors que la valeur ajoutée de ces professionnels se situe dans leur capacité à conseiller leurs clients ou leur entreprise, une partie considérable de leur temps est consacrée à des tâches chronophages et harassantes, présentant finalement très peu de la valeur ajoutée (comme la recherche pendant des heures d’une information noyée dans une masse de documents, par exemple).
Désagréable pour eux, ces tâches ne sont guère valorisées par leurs clients ou leur entreprise. Ils sont donc doublement incités à gagner en efficacité sur celles-ci.
Dans ce contexte, de plus en plus de professionnels du secteur parviennent à la phase suivante de la courbe : l’acceptation.
En effet, le besoin de gagner en productivité et en confort de travail par de l’automatisation est de plus en plus évident pour un grand nombre de professionnels et l’idée que l’intelligence artificielle est un excellent moyen pour y parvenir fait désormais son chemin.
Pourquoi s’acharner à réaliser des tâches répétitives et simples qui peuvent être apprises à une machine (comme l’identification d’une information en particulier dans une masse de données ou comme un traitement particulier associé à une information particulière régulièrement traitée) ?
L’idée n’est pas de remplacer les avocats et juristes (ce dont nous sommes aujourd’hui bien incapables) mais bien de tirer le meilleur profit des qualités respectives du professionnel (comme sa capacité à interpréter et raisonner) et de la machine (comme sa capacité à parcourir très rapidement et de façon exhaustive, de jour comme de nuit, une grande quantité de pages sans risque de perte de concentration, par exemple).
Chez SoftLaw, nous nous sommes ainsi donnés pour mission de donner aux professionnels du Droit les outils logiciels qui leur permettront d’automatiser les tâches du quotidien à plus faible valeur ajoutée (comme la recherche d’informations dans une masse de contrats ou les travaux de reporting ou d’alertes sur des contenus ciblés dans des documents).
Notre ambition est ainsi de leur permettre de se concentrer sur leur expertise et ce faisant de réaliser des prestations de qualité à des coûts plus accessibles pour leurs clients (entreprises comme particuliers) tout en améliorant leur rentabilité et leur quotidien.
Biographie de l'auteur
Sandrine Morard, est fondatrice de SoftLaw. Ex-avocate en droit des sociétés / fusions-acquisitions. Elle est Diplômée de l'université Paris 2 Panthéon-Assas, de l'ESSEC et alumni du Wagon.