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15 décembre 2017

Revue TELECOM 187 - Vers des conversations plus réelles avec les chatbots

 

VERS DES CONVERSATIONS PLUS REELLES AVEC LES CHATBOTS

 

Par Benjamin Vignard dans la revue TELECOM n° 187

 

« - Bonjour, comment vas-tu ? demanda l’humain.

- Je n’ai pas compris, veuillez répéter votre question, répondit le chatbot.

- Ce service est nul, je ne l’utiliserai plus jamais, conclut l’humain. »

L’échange est brut, mais illustre l’une des limites des agents conversationnels : ils sont à la peine lorsqu’il s’agit simplement de faire la causette. Les scénarios développés par les applications qui commercialisent des chatbots négligent bien souvent de les doter de cette aptitude pourtant essentielle. « Dire ‘bonjour’ peut sembler anecdotique, mais la capacité à marquer une formule de politesse joue dans la rétention des utilisateurs » avertit Hatim Khouzaimi, co-fondateur de la start-up Askhub incubée à ParisTech Entrepreneurs.

Avec sa jeune pousse, l’entrepreneur aide à doter les chatbots de compétences incontournables, mais négligées par les développeurs, faute de temps et de moyens. La tâche dépasse largement le simple ajout d’une fonctionnalité de courtoisie. Lorsqu’il s’agit de fournir à l’agent conversationnel les moyens de répondre à « quel temps fait-il à Paris ? », la valeur ajoutée ne relève plus simplement de la bienséance. Un chatbot d’aide au tourisme ne peut pas sérieusement proposer en premier choix à ses utilisateurs de faire une balade dans un jardin alors qu’un orage s’abat toute la journée sur la ville.

Askhub met ainsi au point des services conversationnels clé en main. « Les développeurs se concentrent sur leur verticale métier, sur les scénarios qui concernent leur cœur d’activité, et font appel à nous pour le reste » décrit Hatim Khouzaimi. Météo, bavardage, mais aussi extensions de e-commerce ou de mobilité sont autant de briques génériques créées par la start-up. Elle recourt pour cela aux données ouvertes des villes et services - comme les stations de Vélib pour une ville par exemple - ou aux interfaces de programmation ouvertes par les entreprises - c’est le cas d’Amazon. Les briques ainsi conçues peuvent être implémentées dans tout chatbot, instantanément et de façon transparente.

La start-up propose même aux développeurs de créer leurs propres services conversationnels, sans qu’aucune compétence de programmation ne soit requise. « Nous travaillons sur la base d’entités : ce sont des mots ou des expressions particulières, telles qu’une adresse, un prix, une action… » explique Hatim Khouzaimi. « Nous pouvons les combiner pour détecter une intention, comme l’association d’un montant avec l’action d’acheter nous indique une intention d’achat. » Un développeur peut alors paramétrer des intentions en croisant des entités et ainsi mettre au point ses propres services.

Pour aller plus loin, Askhub met au point ses propres agents conversationnels. Les données d’utilisation sont collectées et croisées avec celles des chatbots des développeurs qui utilisent la plateforme. « Nous générons ainsi un corpus de requêtes des utilisateurs qui sont annotées pour y associer une intention » pointe le fondateur. À partir de cette base de données, la jeune pousse entend bien améliorer la détection des intentions, pour mieux répondre aux demandes de l’utilisateur final. Demain, nous pourrons alors avoir des dialogues plus réalistes avec nos chatbots

 

Chiffres-clés

Juin 2016 : Hatim Khouzaimi soutient sa thèse sur le dialogue incrémental. Son travail a consisté à rendre les conversations entre agents vocaux et humains moins segmentés question-réponse, en améliorant notamment le feedback de la machine.

Octobre 2016Début du projet de fournir des briques technologiques aux développeurs de chatbots pour améliorer leurs compétences auprès des utilisateurs.

Février 2017Mathieu Rouxel rejoint le projet. Son expertise sur la stratégie et le business complète le profil technique d’Hatim Khouzaimi.

Mai 2017Création officielle d’Askhub.

Juin 2017Incubation à ParisTech Entrepreneurs.

Octobre 2017 : Signature des premiers contrats avec des clients

 

 

Biographie des fondateurs

 

Après trois ans dans la finance, Hatim Khouzaima décidé de passer un doctorat sur les agents vocaux, une thématique technologique qui l’intéressait plus. Son sujet de thèse : la fluidification des dialogues vocaux humain-machine. Pour créer Askhub, il s’est associé à Mathieu Rouxel, ancien investisseur en capital pour des start-up du Digital.

Auteur

Benjamin Vignard

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