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10 juillet 2020

MESSAG'IN Un outil d'accessibilité qui tient dans la poche pour les personnes malentendantes

Rester en communication quand on entend mal est un défi du quotidien. Même audible et amplifié par des aides auditives, le son de la voix n’est pas toujours intelligible. À la clé : fatigue, renoncements, difficultés professionnelles… Le Messageur travaille depuis sa création à cette problématique et a mis au point des dispositifs qui fonctionnent. La prochaine étape sera de les démocratiser et de les miniaturiser en les intégrant dans une application disponible sur smartphone et tablette : Messag’in.


REPONDRE AUX BESOINS SPECIFIQUES DES PERSONNES MALENTENDANTES

À la surdité, on associe souvent la langue des signes, au point d’éclipser une autre réalité : celle des personnes malentendantes qui communiquent oralement, utilisent le son et portent souvent des appareils auditifs ou des implants cochléaires. Leur quotidien est jalonné de situations dans lesquelles il est impossible de comprendre la parole ou seulement au prix d’efforts épuisants : environnements bruyants, interlocuteurs multiples, événements. Ces difficultés invisibles sont très peu connues et reconnues.

Malgré des avancées technologiques, les appareils auditifs à eux seuls ne permettent pas de communiquer facilement dans toutes les situations sonores du quotidien.

En réunion, une personne malentendante fait appel à ses restes d’audition, à la lecture sur les lèvres (qui apporte au maximum 30 % du message) et à la « suppléance mentale » qui consiste à déduire les informations manquées d’après le contexte. Pour elle, il est plus difficile de reconnaître une voix et de la localiser. Ainsi, quand un participant prend la parole, elle doit d’abord repérer ce nouvel intervenant. Ce délai lui fait souvent manquer le début du propos. De plus, si la réunion se tient dans une grande salle avec plus de cinq ou six interlocuteurs, la qualité sonore et les discussions parallèles dégradent très fortement la compréhension.

L’attention soutenue qu’il lui faut mobiliser pour suivre les échanges ne peut être maintenue très longtemps. Elle s’accompagne qui-plus-est de phénomènes de fatigue et de décrochage qui peuvent aller de pair avec un sentiment d’exclusion, difficile à vivre et source de désengagement.

Les enjeux pour créer de bonnes conditions d’accessibilité ? Mettre en place de bonnes pratiques de communication, isoler le son du locuteur qui s’exprime et apporter un sous-titrage quand c’est nécessaire.

Le principe proposé par Le Messageur : le bâton de parole

Le Messageur a réuni les éléments nécessaires à cette accessibilité selon un processus de sonorisation et de régulation de la parole dont l’élément central est le bâton de parole. Ce « bâton de parole » prend la forme d’un microphone qui capte le son de la voix de la personne qui parle, débarrassé des bruits ambiants qui gênent la compréhension pour le transmettre directement dans les aides auditives par un dispositif de connectivité (induction magnétique ou Bluetooth). En parallèle, la captation directe des sons ambiants par les micros intégrés aux aides auditives est atténuée ou coupée de sorte que la personne malentendante ne reçoit que le son de la voix de la personne qui parle. Le fonctionnement du « bâton de parole » implique de facto l’entourage qui doit faire en sorte de faire circuler le micro et de respecter les tours de parole. Le son peut aussi être transmis à un interprète de l’écrit distant pour réaliser un sous-titrage en temps réel, affiché sur tablette, PC, smartphone, grand écran, ou vidéoprojeté…

Ce dispositif se heurte souvent à l’attente d’une solution qui soit sans influence sur la façon de conduire les discussions et qui conduirait à la captation du son réalisée par un micro d’ambiance placé au milieu de la table, des participants qui peuvent se couper la parole et un sous-titrage réalisé à partir de ce qui est audible dans ces conditions. Un tel dispositif a l’avantage d’être le plus discret possible mais malheureusement au détriment de la qualité du son et du sous-titrage. Il est pourtant possible selon nous de s’orienter vers de bien meilleures conditions de communication, en introduisant le bâton de parole comme règle du jeu dans le déroulement des réunions pour réguler la prise de parole. Les retours d’expériences révèlent en effet que cet usage améliore la communication pour tous les participants et pas uniquement pour les collaborateurs malentendants. C’est un changement sociologique qui s’opère avec la mise en place de cette accessibilité et c’est en cela que réside l’originalité de l’approche du Messageur.

En 2016, Le Messageur a conçu une solution couteau suisse, la valise « Diluz », mot breton signifiant « la solution ». La Diluz contient une mini sono mobile pour gérer une situation à plusieurs micros. Le micro capte le son de la voix de la personne qui parle, le débarrasse des bruits ambiants parasites et transmet le son dans les aides auditives. Le son est aussi transmis à un sous-titreur distant, qui réalise un sous-titrage en temps réel, affiché sur une tablette ou un PC. La Diluz est utilisée depuis quatre ans dans le cadre d’adaptations du poste de travail de collaborateurs malentendants ainsi que pour des prestations ponctuelles de mise en accessibilité de réunions.


En complément, le « Kit Pocket » combine bâton de parole et transmission du son dans les aides auditives. Il est utilisable dans la majorité des situations de la vie quotidienne. Pour les réunions qui nécessitent plusieurs micros ou quand l’apport d’un sous-titrage en temps réel est nécessaire, il est branché à la valise Diluz.

Ces solutions permettent d’obtenir d’excellents résultats mais nécessitent l’utilisation d’un matériel relativement encombrant et onéreux.

ET DEMAIN ? L’APPLICATION MESSAG’IN !

Née dans la tête de Jean-Luc Le Goaller, co-fondateur du Messageur, l’application « Messag’In bâton de parole » se veut réunir ces mêmes éléments mais cette fois-ci rassemblés dans une application mobile.

Il est proposé aux participants d’une réunion de télécharger l’applicatif sur leur smartphone ou tablette créant ainsi un réseau virtuel de micros interconnectés. Leurs microphones intégrés captent le son de la voix de la personne qui parle et le transmettent, débarrassé du bruit ambiant qui empêche de comprendre la parole, vers les appareils auditifs adaptés des utilisateurs malentendants.

Le principe du bâton de parole est toujours présent mais il est devenu « virtuel » : quand un locuteur a la parole, les microphones des autres terminaux sont coupés.

Si besoin, le son peut aussi être transmis, à un interprète de l’écrit distant qui réalise un sous-titrage en temps réel. Demain, ceci pourra être étendu à d’autres services d’interprétation, selon les besoins : langue des signes française ou langue française parlée complétée.

L’application doit aussi inclure un dispositif de reconnaissance vocale qui restitue automatiquement la parole sous forme de texte. Cette fonctionnalité reste insuffisante en termes de résultats pour les réunions professionnelles mais pourra être mobilisée pour des usages informels, quand le recours à un interprète de l’écrit n’est pas possible.

En 2018, Jean-Luc Le Goaller et l’un des fondateurs de 1CapApp, plateforme spécialisée dans le sous-titrage, ont élaboré un prototype de Messag’in, développé pour les environnements Apple et Android. Ce prototype est d’ores et déjà utilisé à titre expérimental pour la mise en accessibilité de réunions professionnelles par sous-titrage en temps réel à distance. Le projet a reçu le soutien financier de Sopra Steria, de Malakoff Médéric Humanis et est lauréat 2020 de l’appel à projets « Initiatives numériques et handicap », organisé par le CCAH et Simplon.co.

LES PROCHAINES ETAPES DU PROJET MESSAG'IN

Pour arriver à une version de l’application industrielle, utilisable par tous, malentendants comme entendants, d’importants verrous techniques restent encore à lever :

  • La latence audio ne doit pas augmenter avec le nombre de participants, y compris sur des réseaux wifi. Elle doit se maintenir en-dessous de 100 ms.
  • Le sous-titrage automatique par reconnaissance vocale doit rester disponible hors connexion à Internet.
  • Les aspects sociologiques de régulation de la parole en réunion doivent être étudiés pour affiner l’ergonomie.
  • La sécurité et la confidentialité des réunions doivent être garanties.

Pour avancer dans ce projet, nous mettons en place un consortium de sociétés et laboratoires formant un véritable écosystème autour du projet. Nous y travaillons dès à présent, en lien avec les sociétés IVèS (www.ives.fr) et Digigram (www.digigram.com), spécialiste de la voix paquétisée.

Nous cherchons encore :

  • un fabricant de smartphone fonctionnant sous Android
  • une société disposant d’un logiciel de reconnaissance vocale embarqué performant
  • des chercheurs en sociologie en entreprise

Si vous êtes intéressés, n’hésitez pas à nous contacter !

UN POTENTIEL EN TERMES DE CONCEPTION UNIVERSELLE

Auprès des personnes que nous accompagnons, nous instaurons l’usage du « microphone-bâton de parole » qui permet de recevoir un son intelligible tout en induisant de bonnes pratiques de prise de parole. Depuis de nombreuses années nous faisons le constat des excellents résultats de cette ergonomie de la communication, pour les personnes malentendantes mais aussi pour les personnes entendantes. Il s’avère que les usages mis en place améliorent la communication pour tous. C’est ce qui nous permet aujourd’hui de rattacher la démocratisation de Messag’in à un potentiel de conception universel, à l’instar de la télécommande, initialement créée pour répondre à une problématique de mobilité réduite et finalisée intégrée ensuite dans le quotidien de tout un chacun. Cette approche s’inspire aussi de la loi de février 2005 « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » qui considère que c’est à la société de s’adapter pour que tout soit accessible à tous, quelles que soient les situations de handicap. En créant des conditions de communication favorables, avec l’implication de tous, et c’est l’objet de Messag’in, nous souhaitons contribuer à faire progressivement évoluer à grande échelle les bonnes pratiques de communication à même de changer le quotidien et les perspectives des personnes malentendantes. Nous sommes convaincus que Messag’in, en plus de répondre à des besoins d’accessibilité essentiels pour les personnes malentendantes, pourrait inclure une portée plus universelle et répondre à de futurs usages de conduite de réunions de grandes tailles, voire de congrès.


À retenir sur Messag’in

  • Mise en réseau local de plusieurs smartphones et/ou tablettes
  • Captation audio de qualité (audio large bande) et faible latence (pour permettre une lecture labiale) avec un son capté transmis dans les appareils auditifs (connectivité induction magnétique ou bluetooth)
  • Bonnes pratiques de communication induites par le principe de fonctionnement en bâton de parole
  • Apport, directement dans l’application, de services d’interprétation quand c’est nécessaire : sous-titrage, Langue des signes française, Langue française parlée complétée).


Jean-Luc LE GOALLER
Co-fondateur du Messageur
Pour communiquer avec Allain, son fils autiste et sourd, Jean-Luc explore le monde de la surdité. Il crée Polycom, un service d’accessibilité pour malentendants et de formation à la communication via la langue des signes, avant de fonder Le Messageur avec Samuel Poulingue.


Samuel POULINGUE
Co-fondateur et gérant du Messageur
Un parcours dans l’animation puis l’accompagnement de projets lui fait rencontrer l’association de personnes malentendantes de la Manche, l’ADSM Surdi 50, qu’il rejoint pour développer un service de sous-titrage en temps réel, avant de fonder Le Messageur avec Jean-Luc.


Le Messageur, acteur dédié à l’accessibilité pour les personnes malentendantes

Le Messageur est une entreprise coopérative (Scop) créée en 2012 à partir du constat, partagé par ses deux fondateurs, qu’un besoin d’accessibilité n’était pas pourvu : celui des plus de six millions de personnes malentendantes qui communiquent par oral et ne connaissent pas la langue des signes. Nous mettons au point des techniques et usages qui leur permettent de participer et de communiquer à égalité de chances dans toutes les situations de la vie quotidienne.

Nos prestations s’appuient sur l’amélioration du son, l’interprétation de l’écrit en temps réel et de bonnes pratiques de communication. Elles consistent à rendre accessibles évènements, lieux qui accueillent du public et postes de travail, et à former sur le thème du handicap auditif. Le Messageur intervient aussi sur l’accessibilité téléphonique, en partenariat avec la société Elioz (www.elioz.fr), dont il est cofondateur.

contact@lemessageur.com
Samuel POULINGUE
06 84 60 75 41

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Jean-Luc LE GOALLER
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