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14 décembre 2022

Éditorial

La rupture dans les usages de mobilité engendrée par la récente pandémie sanitaire, les crises économiques, la transition énergétique, entraîne une croissance exponentielle du nombre d’avions, de trains, de voitures, de bateaux, de vélos, de trottinettes, de mono roues, de drones, etc. Ce faisant nous assistons tous impuissants à une inadaptation croissante de l’infrastructure associée : rues, pistes cyclables, parkings, routes, autoroutes, gares, voies ferrées, ports, routes maritimes, aérodromes, routes aériennes, etc. 


Le Traffic Management, véritable épine dorsale de tous les systèmes de transport, permet seul une adaptation permanente du trafic à la capacité des infrastructures en toute sécurité. Le dossier suivant de cette revue décrit, pour chacun des modes de transport, les différents systèmes de trafic management existants. Il peut être constaté que même si dans les transports de masse la gestion des flux (trains, métros, avions) est en place depuis l’origine de ces modes de transport avec des méthodes efficaces de gestion de trafic (postes d’aiguillage, tours de contrôle, centre de régulation…), avec l’accroissement du nombre de voyageurs qui entraîne l’accroissement des flux, il y a une remise en question des méthodes de gestion centralisée de ces trafics.

Pour les véhicules automobiles, l’incessant mouvement brownien des camions, bus, voitures, motos, vélos, trottinettes...crée des embouteillages incontrôlés et de plus en plus incontrôlables. Ils perturbent la circulation dans les territoires urbains, suburbains aussi bien dans les rues, les routes, les autoroutes que les pistes cyclables. Il est à craindre à terme une paralysie de cette circulation.

La mise en place de sytèmes de gestion des trafics s’impose donc progressivement.

Ce concept s’appuie sur l’arsenal technologique d’outils du numérique, de localisation par satellite, d’algorithmes d’optimisation en passant bien sûr par la captation des données et leur traitement par les techniques de l’intelligence artificielle et du big data. Il ne faut pas oublier l’importance essentielle des aspects télécom, télécom classique et maintenant de la 5G. Mais c’est surtout grâce à la connectivité entre les véhicules (train, voiture, avion, bateau, vélo, etc.) et chaque infrastructure et aux ITS (Intelligent Transport Systems ou, en français, systèmes de transport intelligents) coopératifs que se met en place une nouvelle planification et une gestion opérationnelle du trafic. Enfin, n’oublions pas de mettre dans la boucle l’indispensable maillon humain : le conducteur, le tractionnaire, le pilote de l’avion ou du bateau, le mécanicien quand il existe encore.

Différents facteurs limitent l’utilisation en sécurité de ces systèmes : l’hétérogénéité de la qualité des données, la taille massive de ces problèmes d’optimisation dans les modèles de gestion temps réel des flux ainsi que la cohabitation avec les nouveaux systèmes de véhicules autonomes (trains, voitures, navettes, drones…).

Il est à craindre que les mobilités ne soient à terme pilotées que par des contraintes de gestion de flux sur des infrastructure saturées... mais espérons que cette planification centralisée, optimisée atteigne rapidement le niveau de confiance satisfaisant pour les opérateurs de mobilités, les gestionnaires d’infrastructures et les collectivités territoriales que sont les Autorités Organisatrices des Mobilités.

Comment l’opérateur humain, le conducteur de véhicules automobiles, le conducteur ou pilote de trains, d’avions, de bateaux va-t-il être intégré dans cette boucle de gestion des trafics... ? Certainement par des systèmes d’aide à la conduite connectés aux systèmes de gestion temps réel du trafic. Et alors, quelle sera son acceptation ?


Gérard Cambillau

Consultant en Transport et Mobilités à l’IMT, Responsable formation Transport et Mobilités à TÉLÉCOM PARIS.
Diplômé de TÉLÉCOM PARIS (ingénieur), a exercé des fonctions de direction à SNCF, INRETS, IFSTTARExpert ADEME, NEXT MOVE, HCERES.

Auteur

Licencié ès Sciences Economiques, Maîtrise de Physique, DEA de statistiques, DEA de Méthodes et Modèles de Management Scientifique Voir les 6 Voir les autres publications de l’auteur(trice)

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