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28 octobre 2020

Les médecins survivront-ils à l'intelligence artificielle ?

L’intelligence artificielle fascine d’autant plus que personne ou presque n’est capable de la définir avec exactitude. On peut donc lui prêter tous les pouvoirs et toutes les intentions, même les plus sombres. Après avoir remplacé tant d’ouvriers, la technologie ne va-t-elle pas rapidement « tuer » des professions que l’on pensait autrefois à l’abri, comme les avocats ou les médecins ?


En réalité, nous sommes à ce moment classique du débat public où l’on sent une technologie de rupture poindre, mais on commence seulement à expérimenter vraiment les applications pratiques. Cet interstice laisse place à toutes les spéculations, y compris les plus pessimistes, et à tous les fantasmes, y compris les plus farfelus.

Alors non, quitte à peiner les fans de sciences fictions, les robots humanoïdes ne vont pas remplacer les médecins. Mais oui, l’intelligence artificielle va pénétrer dans les hôpitaux et les cabinets médicaux, et l’imagerie médicale (radios, échographies, scanners) en sera la porte d’entrée.

QUELS SONT LES ENJEUX ?

Pour bien comprendre il faut mesurer les enjeux. La masse d’images médicales croît à une vitesse spectaculaire sous le triple effet du vieillissement de la population, d’un recours plus systématique à l’imagerie (prévention, diagnostic, suivi), mais surtout des progrès technologiques des équipements qui produisent désormais 1 000 à 1 500 images par examen, soit… 40 fois plus qu’il y a 30 ans.

Aujourd’hui, un radiologue voit défiler 50 000 images chaque jour en moyenne. Un chiffre inhumain, au sens propre du terme : le traitement d’une telle quantité de données dépasse les capacités cérébrales humaines. Au point où cela devient un risque : celui d’ensevelir les médecins sous une masse d’informations, et donc de réduire la qualité de leur analyse, de les soumettre à une fatigue et un stress intenses, liés à la peur de se tromper ou de passer à côté d’un signal.

Nous avons donc atteint un point où les machines créent une profondeur d’information que seules d’autres machines (des algorithmes de calcul) sont capables d’exploiter.

Et cela tombe bien, puisque les premières applications concrètes de l’intelligence artificielle arrivent. Capables d’analyser des images à une vitesse vertigineuse avec un taux de succès souvent supérieur à celui de l’homme, elles détectent des anomalies parfois difficiles à déceler pour les médecins et les assistent concrètement dans leur diagnostic. La société Screenpoint a par exemple développé une application pour les mammographies qui permet de détecter les cancers du sein. Cette intelligence artificielle, entraînée sur 2 000 000 d’images, réduit de 15 % le temps passé par chaque radiologue sur les cas jugés non problématiques et les amène à consacrer 10 % de temps supplémentaire sur les cas plus compliqués.

On imagine sans peine les perspectives immenses que cela ouvre pour la santé publique, sachant que ce type d’applications améliore ses performances au cours du temps – c’est le propre de l’intelligence artificielle : elle « apprend » et se perfectionne grâce aux cas qu’on lui soumet.

L’IA EN MÉDECINE AU SECOURS DES PRATICIENS

Mais pour autant, après avoir dit cela, nous n’avons pas répondu à notre question initiale : les radiologues vont-ils être supplantés, voire remplacés par l’intelligence artificielle ? En 2016, le Professeur Geoffrey Hinton, le parrain des réseaux de neurones, disait qu’il était « presque évident qu’il faudrait arrêter de former des radiologues ».

Non seulement les médecins restent les acteurs centraux du système, mais leur rôle va en sortir renforcé.

D’abord, le radiologue et plus généralement les médecins gardent les manettes comme utilisateurs, aptes à déterminer les meilleurs cas d’usages et à valider l’utilité clinique d’une innovation. Dans l’imagerie médicale comme ailleurs, l’enjeu ne réside pas (seulement) dans la technologie, mais bel et bien dans les usages. Il s’agit de convertir la technologie en applications pratiques pour l’intégrer dans le workflow clinique et créer des interfaces faciles à utiliser. C’est donc le médecin qui aura le dernier mot.

Enfin et surtout, les médecins deviennent les coproducteurs de nouvelles applications. Ce postulat est fort car il suppose qu’ils ne subissent pas simplement les innovations portées par des GAFAs ou d’autres, ils en sont les initiateurs, voire même les inventeurs.

Le médecin reste la figure centrale de la révolution à venir, mais il ne la fait pas seul. Il faut absolument stimuler une hybridation inédite entre l’expertise médicale, une expertise de pointe en mathématiques & data science, et des compétences industrielles et entrepreneuriales.

Cette hybridation ne va pas de soi, dans un pays où ces acteurs ont longtemps vécu séparés, se considérant avec une certaine distance, et parfois même une certaine méfiance. Aujourd’hui, les interactions entre les compétences médicales, mathématiques et industrielles voient l’avènement d’un nouvel écosystème, ou les médecins et les ingénieurs travailler dans la même pièce. Au sens propre du terme. Les médecins, dès leur formation, s’imprègne d’une culture technologique, et les meilleurs développeurs sont encouragés à se tourner vers les chantiers d’intérêt général et de santé publique.

L’intelligence artificielle fascine d’autant plus que personne ou presque n’est capable de la définir avec exactitude. On peut donc lui prêter tous les pouvoirs et toutes les intentions, même les plus sombres. Après avoir remplacé tant d’ouvriers, la technologie ne va-t-elle pas rapidement « tuer » des professions que l’on pensait autrefois à l’abri, comme les avocats ou les médecins ?

LA PLATEFORME INCEPTO

C’est dans cet esprit que nous avons lancé Incepto, une innovation de rupture, aujourd’hui inédite en Europe : une plateforme qui donne accès par abonnement aux médecins et aux hôpitaux, sans changer d’équipements (modèle « plug and play ») et un bouquet d’applications reposant sur les modèles les plus avancés en intelligence artificielle. D’ores et déjà, plus de 35 CHU, centre hospitaliers et cliniques ont souscrit à la plateforme.

Incepto est à la fois distributeur et producteur d’applications :

DISTRIBUTEUR, en sélectionnant les solutions d’IA fiables médicalement, mûres technologiquement et donc opérables immédiatement par les médecins, parmi lesquelles par exemple des solutions participant à la détection du cancer du sein (Screenpoint), et du cancer du poumon (Aidence), ou permettant l’analyse précise de radiographies thoraciques et cérébrales (Qure).

PRODUCTEUR : en parallèle, l’équipe scientifique d’Incepto produit, en collaboration avec le corps médical, ses propres applications et entraîne au quotidien des algorithmes pour compléter sa gamme de produits, avec l’objectif de créer quatre applications d’ici deux ans.



Antoine JOMIER

Président et fondateur de Incepto, start-up d’intelligence artificielle en imagerie médicale.

Leader expérimenté en ventes et marketing, passionné par l’innovation dans le domaine de la santé.
Il a conduit l’acquisition, l’intégration et la création de nouveaux marchés chez GE Healthcare et dirigé avec succès l’activité Imagerie de GE Healthcare en France.
Diplômé de l’Ecole des Ponts & Chaussées.

Auteur

Antoine Jomier

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