Revue TELECOM 194 - Billet : Le Minitel et ... par Roger Courtois (1966)
BILLET
Le Minitel et...
Il faut bien le reconnaître, dans les années 1980, les chances pour notre terminal franco-français « Minitel » d’être adopté à l’international étaient minces pour de multiples raisons dont : son intelligence purement "matérielle" (programmation câblée), le manque de savoir-faire à l’international de l'Administration alors en charge du bébé (Direction Générale des Télécommunications), la (très) faible résolution des images transmises... mais, aussi, le principe d'une liaison permanente « appelant-appelé » (ou « utilisateur du minitel – serveur ») pendant toute la durée d'une transaction... donc une technologie très consommatrice de « temps-réseau ». Il faut en effet rappeler qu’Internet établit des connexions courtes pendant lesquelles sont rapatriées vers l'internaute les informations demandées... et que se libère aussitôt le réseau... laissant à l'internaute tout le temps de digérer ces informations sur son terminal (micro, tablette ou smartphone) sans encombrer le réseau… jusqu'au prochain "clic". Et c'est peut-être un premier sujet de mauvaise humeur de rappeler qu'à l'époque nous disposions déjà depuis longtemps en France d'une technique d'optimisation de l'usage du réseau fondé sur ce même principe (utilisation des temps morts d'une conversation téléphonique).
Pourtant, la France avait été championne du monde des Télécommunications avec ses services en ligne et j’affirmais, voici encore une vingtaine d’années, que nous disposions d’atouts majeurs pour occuper une place de choix dans ce nouvel espace économique issu… d’Internet : en structuration/présentation/ergonomie desdits services en ligne, en matière de bases de données, en termes de relations Fournisseurs de services/Opérateur public aux plans techniques/réglementaires/ économiques…
Et c'est un autre motif de bien plus méchante humeur, que de constater que la France n'a pas brillé sur la scène internationale depuis l'avènement des premiers accès à Internet : absence parmi les leaders des moteurs de recherche alors que nous avons de brillants sujets parmi les meilleurs mathématiciens au monde (et p.m. la puissance des moteurs de recherche, ce sont avant tout des algorithmes mathématiques), absence au niveau des logiciels et des services de référence (systèmes d'exploitation, navigateurs, messageries, anti-virus, traducteurs automatiques, Photoshop, Dreamweaver, Skype/WhatsApp,...), absence parmi les GAFA ... et bien faible représentativité parmi les producteurs d’applications Internet qui fleurissent sur les smartphones !
Il faudrait sérieusement s’interroger pour expliquer toutes ces carences… qui ont certainement des origines multiples… Il en ressortirait peut-être des débuts de solutions pour tenter de tirer notre épingle du jeu dans cet espace numérique encore ouvert et riche de potentialités…
Auteur
Dernière activité avant retraite : PDG de France Télécom Interactive (filiale de FT, créateur de Wanadoo)
15 années passées à diriger des PME leader dans le secteur des Télécom (télématique)
15 années passées dans l'administration (Direction Générale des Télécommunications et Ministère de l'Industrie) Voir les 2 Voir les autres publications de l’auteur(trice)