Les enjeux de la protection des libertés sur Internet
S’il y avait un « ADN du numérique » à l’échelle européenne, et plus particulièrement française, il s’agirait du souci de placer la personne humaine au centre de la régulation, qui a toujours évolué de sorte à répondre à trois types de défis : politiques, économiques et géopolitiques.
Les prémisses politiques
En 1974, le scandale Safari, un projet d’interconnexion des fichiers de l’administration, amène à voter, en 1978, la loi Informatique et Libertés, qui donne naissance à la CNIL, la première autorité administrative indépendante à avoir été créée en France. En posant que « l’informatique doit être au service de chaque citoyen et ne doit porter atteinte ni à l’identité humaine, ni aux droits de l’homme, ni à la vie, ni aux libertés individuelles et publiques », son premier article constitue une boussole, reflet d’une philosophie humaniste, toujours aussi remarquable.
En 1995, avec l’explosion d’Internet, l’Europe se dote d’une directive européenne reprenant les principes de cette même loi, puis, en 2002, d’une directive dite « ePrivacy », reconnaissant la spécificité du secteur des communications électroniques.
L’économie a ensuite été profondément transformée, par les GAFAM et les nombreuses avancées technologiques, telles que les objets connectés, les techniques de profilage et de surveillance, l’internet des objets, l’intelligence artificielle, ainsi que le déploiement des cyberattaques qui les ont accompagnés. Les révélations d’Edward Snowden au début des années 2010, ainsi que celles du scandale Cambridge Analytica en 2018, sont un symbole de la prise de conscience collective...