Développer ses compétences
DEVELOPPER SES COMPETENCES
Adrien : Bonjour Hélène. Diplômée de Télécom Paris en 1997, et également titulaire d’une maîtrise de mathématiques, comment ces deux formations ont lancé ta carrière ?
Hélène : je savais que je voulais travailler dans la stratégie et l’analyse économique, donc mon projet professionnel était large mais assez clair. Les mathématiques m’ont apporté une rigueur d’analyse et de raisonnement et la connaissance des télécoms ainsi que le niveau du diplôme m’ont permis d’intégrer Orange à la sortie de l’école. 1997, c'était le moment rêvé pour faire de l’analyse économique, puisque tout évoluait : l'ouverture à la concurrence des télécoms, le développement d’internet, le boom du mobile. Bref, une triple révolution avec tout à (re)construire !
Adrien : Et comment cela te propulse-t-il vers des postes à responsabilités quelques années après ?
Hélène : C'est un mélange probablement d’opportunités de carrière et aussi de délivrer le job attendu – voire de faire un peu plus ! Au bout de deux ans chez Orange, je rejoins Alcatel - à ce moment-là, les deux entreprises étaient proches et les passages de l’une à l’autre courants - à la direction du financement de projets. J’y apprends la structuration financière, alors que les besoins en financement des opérateurs mobiles se multiplient. J'ai aussi la chance d'avoir un chef qui croit en la jeunesse et me soutient dans mon développement personnel et professionnel alors que le business explose. Cela me permet d'atteindre des responsabilités rapidement.
Adrien : Tu fais ensuite une transition dans l'énergie ? Cela parait inattendu…
Hélène : Oui, mais avant de passer dans l’énergie, je fais encore dix ans chez Alcatel : à la stratégie du groupe d’abord, au moment de sa fusion avec Lucent – là encore un moment passionnant. Je dis toujours que les meilleurs moments en stratégie sont ceux où les choix à faire sont complexes ! - dans les entités commerciales ensuite : je prends mes premières fonctions de management puis de direction et je découvre le monde opérationnel après des années de corporate … Alcatel est l’entreprise qui m’a façonnée !
Eh oui ! en effet, après dix-sept ans dans les télécoms, je rejoins une de mes anciennes cheffes à la stratégie de Total. Un grand bond dans l’inconnu… et un beau challenge car le monde de l’énergie est en pleine ébullition, un peu à l’image des télécoms vingt ans plus tôt : transition énergétique, digitalisation, décentralisation, arrivée de la concurrence dans l’électricité. Je m’occupe de la prospective sur les nouvelles énergies, au moment où Total annonce son plan « 20% d’énergie bas carbone dans 20 ans ». Une opportunité, là encore !
Je choisis ensuite de revenir à un fonction « P&L» - l’opérationnel me manquait - en reprenant la direction de l’Europe et les Grand Comptes pour le solaire.
Adrien : C'est ensuite Schneider Electric que tu rejoins en tant que VP France, Strategie & Business Développement.
Hélène : Même si je change d’entreprise, je reste fidèle à mon parcours : le digital et l’Energie en domaine, la stratégie et les opérations en fonction. Je me retrouve aujourd’hui chez le leader mondial de la gestion de l’énergie et des automatismes, dans un poste à l’interface entre Stratégie et Opérationnel. En quelques mots, Schneider Electric met la transformation digitale au service de l’efficacité énergétique et l’efficacité des process. Les deux ruptures majeures de cette décennie – transition énergétique et transformation digitale - sont au cœur de notre offre, le challenge est donc passionnant. Schneider Electric est aussi une belle histoire française d’entreprise industrielle, qui a une culture et des valeurs exceptionnelles !
Adrien : Tu passes donc par plusieurs postes avec pas mal de responsabilités. Quelles sont d'après toi les étapes qui t'ont permis de parcourir ces réussites ?
Hélène : C'est probablement un mélange de pleins de facteurs… D’abord, bien sûr, de solides bases théoriques acquises lors de ma formation, en particulier dans le digital ; en « soft skills », avoir fait du scoutisme m’a donné de bonnes bases managériale et d’organisation, voire de présentation et d’aisance relationnelle. J’ai aussi - surtout – trois enfants, ce qui force à une organisation et une énergie sans faille, ainsi qu’à un développement accéléré des techniques de négociations ! Ensuite, je dirais le travail et l’engagement professionnel : à un moment donné, vous êtes dans les bonnes listes parce qu’un manager reconnaît votre travail et vous « sponsorise » ! ensuite, des modèles, en particulier la rencontre avec plusieurs « mentors » tout au long de ma carrière : j’ai eu la chance d’avoir des managers qui m’ont encouragée et plusieurs femmes qui m’ont montré la voie. Enfin, la chance forcément avec la période du boom des télécoms et des opportunités de carrière, quelquefois risquées - qui se sont globalement avérées porteuses.
Adrien : Que conseillerais-tu à des personnes qui pensent avoir peu d’opportunités en interne et qui voudraient développer leurs compétences autrement.
Hélène : Je ne sais pas si j’ai des conseils à donner mais dans mon parcours, j’ai retenu quelques points. D’abord, qu’il n’y a pas de modèle de carrière : les parcours du passé ne s’appliquent pas à l’avenir. Il faut bien sûr prendre en compte le niveau de responsabilité, mais finalement, lorsqu’on s’épanouit dans un poste parce que c’est ce qui nous motive, en général, ça marche mieux !Ensuite, les carrières ne sont pas linéaires : l’histoire à postériori est souvent jolie, mais elle passe par des incertitudes et des doutes, et quelquefois des hauts et des bas. Cela semble évident mais essayer de maintenir un équilibre vie privée – vie professionnelle permet de prendre du recul quand la situation est plus compliquée.
Enfin, je crois que lorsqu’il n’y a pas d’opportunités à court terme, il faut en profiter pour développer d’autres compétences qui potentiellement serviront sur le long terme : par de la formation sur des sujets connexes, par de l’investissement associatif, par des conférences sur des sujets qui nous intéressent, la liste n’est pas exhaustive… Lorsque j’ai pris contact avec Télécom Paris et avec d’autres écoles pour proposer des interventions il y a plus de cinq ans quand j’avais un peu de temps, je n’avais rien en tête en dehors de « rester un peu dans les télécoms », tester ma capacité de présentation (les étudiants sont le public idéal pour cela !) et l’idée qu’écoles et entreprises devaient se rapprocher…. Aujourd’hui, je participe au conseil de perfectionnement de l’école ; je suis aussi le sponsor de Schneider Electric dans son dialogue avec Télécom Paris alors que les compétences que nous recherchons sont largement digitales.
Biographie de l'auteur
Hélène Macela-Gouin, ingénieure Télécom Paris est Vice-Présidente France, Stratégie et business développement chez Schneider Electric, entreprise leader dans la transformation digitale de l’énergie et des automatismes.