HÔPITAL DE DEMAIN, HÔPITAL CONNECTE?

Par Jacques Léglise dans la revue TELECOM n° 189

La révolution numérique n'a pas épargné le monde de la santé : le patient veut aujourd'hui mieux comprendre et maîtriser l'information qui le concerne ; les acteurs de la santé veulent pouvoir accéder à des données leur permettant plus d'efficacité dans les diagnostics et les décisions à prendre. Au centre, les outils digitaux permettent de concilier les deux. Et l'hôpital a un rôle essentiel de coordinateur à jouer.

Les enjeux

Pour plus de 80%¹ des médecins, les objets connectés sont d’abord un moyen de responsabiliser et d’impliquer davantage le patient dans son parcours de soin. Pour 40% d’entre eux, ils permettront aussi de réduire à l’avenir le nombre d’hospitalisations et contribueront à une meilleure gestion des maladies chroniques. Côté hôpital, 88% des directeurs de centres hospitaliers pensent que la télémédecine permettra davantage d’interconnexions entre les acteurs de la santé et 89% sont convaincus que l’hôpital aura un rôle décisif à jouer en la matière². D’abord parce qu’il est un lieu où converge l’ensemble de ces acteurs. Ensuite parce que le rôle de l’hôpital aujourd’hui évolue d’un lieu de résidence vers un espace de flux. Avec le développement de l’ambulatoire, les patients ne font souvent que passer à l’hôpital pour un acte ou une intervention. Le numérique constitue un moyen essentiel pour garder le lien nécessaire une fois celui-ci rentré chez lui. Et d’assurer une continuité dans la qualité des soins et une meilleure coordination des informations échangées entre les différents acteurs de la santé. De manière un peu paradoxale, le numérique est aussi un moyen de casser l’isolement du patient, qu’il soit géographique ou social, et d’éviter d’avoir à se déplacer trop souvent à l’hôpital pour des consultations de routine.

Une efficacité qui est au cœur des solutions à trouver et doit s’ancrer dans les usages et les besoins. Le médecin aura besoin d’un outil simple et rapide, l’aidant à prendre des décisions alors que le patient, lui, cherchera davantage une solution intégrée à ses outils, lui permettant de remonter de l’information, de suivre son traitement ou d’éviter les ruptures et les zones d’ombre dans son parcours de soin. L’hôpital, pour sa part, visera une centralisation des données médicales qui pourront ensuite être partagées à partir d’un dossier centralisé et échangées avec l’ensemble des professionnels de santé. Dans tous les cas, le succès d’une solution numérique repose avant tout sur l’utilité et la simplicité des solutions. Sans jamais sacrifier, bien entendu, à la sécurité ni à la qualité des soins.

Foch, le projet de constituer un laboratoire pour l’hôpital connecté

Pour atteindre son ambition de devenir le premier e-hôpital connecté à ses patients, Foch s’est fixé un objectif ambitieux : offrir des solutions connectées à tous les moments cruciaux du parcours du patient. My Hospi Friends permet aux patients hospitalisés de dialoguer entre eux via un réseau social interne. L’application Foch permet d’accéder aux services et aux informations pratiques et de mieux se repérer à l’intérieur de l’hôpital. Des services intégrés dans le projet de chambre connectée permettront, à l’aide d’une tablette numérique, de piloter plus largement l’ensemble des services, d’accéder à ses rendez-vous… de prendre ses constantes. Le programme Doctolib intégré à l’hôpital permet de prendre rendez-vous avec les médecins hospitaliers directement depuis une interface accessible 24h/24. Le projet Foch prep’chirurgie permet mieux préparer les interventions. Enfin, le programme My Room Service Foch permettra d’assurer tout l’aspect logistique, comme par exemple la réservation d’un transport ou la livraison de menus spéciaux. Autant de services qui visent un seul objectif : offrir toujours plus de services pour mieux accompagner les patients avant, pendant et après leur hospitalisation.

On imagine l’importance qu’il y a à faire communiquer toutes les informations circulant dans l’hôpital. Après avoir consolidé l’infrastructure technique de son réseau, Foch cherche désormais à organiser ces informations. Le but est de proposer, à terme, une intégration complète des services de l’hôpital dans un portail unique, consultable sur tous les supports numériques. MyFoch permettra d’effectuer simplement les démarches administratives comme les préadmissions. Ce portail donnera accès, depuis un ordinateur personnel ou un smartphone, à un espace sécurisé regroupant informations personnelles, résultats d’analyses et comptes-rendus d’intervention. L’objectif ambitionné est de proposer aux patients une expérience personnalisée de leurs parcours de soins, mêlant téléconsultation au dépôt des dossiers d’admission en passant par la commande des repas spéciaux, la gestion du retour à domicile ou la réservation de taxis. Parce que qualité des soins et satisfaction du patient ne s’arrêtent pas aux murs de l’hôpital.

1/ Source étude MACSF/Withings Health Institute, février 2017
2/ Source « Baromètre Santé 360 Odoxa »

Biographie de l'auteur

Jacques Leglise est diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de Bordeaux et ancien élève de l’Ecole Nationale de la Santé Publique (EHESP) de 1984 à 1986. Il est titulaire d’un DESS de gestion à l’université de Paris-Dauphine et d’un mastère de gestion des organisations de santé à l’ESSEC. Il a travaillé dans plusieurs hôpitaux parisiens de l’Assistance Publiques-Hôpitaux de Paris (AP-HP) dont l’hôpital Européen Georges Pompidou, Robert Debré et la Pitié-Salpêtrière. Il a dirigé le CHU de Toulouse pendant 2 ans (2013-2015). Il est Directeur Général de l’Hôpital Foch de Suresnes depuis novembre 2015.