Édito #1
Les composants électroniques sont aujourd’hui présents partout sur un marché à l’échelle mondiale, dans nos automobiles, nos téléphones, nos ordinateurs, nos téléviseurs, nos appareils électroménagers, dans les batteries, les panneaux solaires, etc. Avec la digitalisation de l’économie tout entière ils vont prendre de plus en plus d’importance.
Les premiers développements technologiques ont démarré il y a environ 40 ans, avec leurs innovations, leurs investissements gigantesques, afin de diminuer les dimensions des composants élémentaires et augmenter les performances, sous le pilotage de la renommée loi empirique de Moore qui décrit « un nouveau progrès en miniaturisation tous les 18 mois ». Les gigantesques usines de fabrication se sont petit à petit déportées dans les régions productrices de terres rares et possédant une main d’œuvre à bas coût. Aujourd’hui le marché ses semi-conducteurs dépend à 80 % de l’Asie (Chine et Taiwan, notamment), et l’Europe produit moins de 10 % des semi-conducteurs dans le monde, contre 40 % il y a 30 ans.
Fin 2019, la pandémie liée à la covid 19, donne un coup de frein brutal à cette industrie et bouscule son économie, devenue mondiale. Aujourd’hui la machine cherche à repartir, et on découvre qu’il y a une pénurie globale de « composants », née pendant la crise sanitaire et qui se poursuit. La situation est même en train de s’aggraver à cause de la guerre en Ukraine et de la recrudescence de la Covid en Chine qui la fait sortir d’une croissance à deux chiffres.
En février 2022 l’Europe entend réagir à ce déséquilibre et à la pénurie en lançant le « EU Chips Act », un plan d’investissement public de 42 milliards d’euros pour favoriser la production de semi-conducteurs en Europe, et ainsi sécuriser l’approvisionnement de ses puces électroniques, cruciales pour l’économie du continent européen. L’ambition qui gouverne ce plan est de passer de 10 % du marché à 20 % en 2030.
L’industrie automobile est particulièrement impactée par ces problèmes d’approvisionnement, mais aussi les produits grand public, étant donné que les multiples chaines de production sont ralenties tant pour les PC, que les écrans, les smartphones, les batteries, les jouets électroniques, les bicyclettes à assistance électrique, etc.
Que s’est-il passé ? Qui sont les acteurs qui fabriquent ces « composants », et avec quels outils ? et à quoi servent-ils ? Quels sont les composants clés du futur ? Quels sont les scénarios en rupture ?
Nous avons souhaité, à travers ce dossier, apporter quelques éléments de réponse aux questions ci-dessus et nous avons choisi trois points de vue : par l’évolution des technologies de fabrication, par l’évolution de la complexité des fonctions intégrées qui en font des systèmes de systèmes, et par l’évolution, exponentielle, des applications formant le triptyque fondateur de l’innovation dans le domaine des composants.
Nous avons contacté à cet effet des experts du monde de l’enseignement et de la recherche, de l’industrie, et aussi des PME, et nous avons puisé dans de nombreuses start-up. Tous nous ont répondu avec enthousiasme. Un grand merci !
Chers jeunes ingénieurs et ingénieures, venez faire le tour du sujet, et parlez-en autour de vous, venez découvrir l’immense potentiel d’innovation de ce domaine ! venez plonger dans ce nouvel univers parallèle, passionnant !
Bonne lecture !
Marylin Arndt
Ingénieure de Télécom Paris (1981), intègre le CNET Grenoble inauguré en 1983 pour impulser la nouvelle filière stratégique industrielle de fabrication et de réalisation de circuits intégrés, occupe divers postes R&D dans le domaine des réseaux de radiocommunications, d’encadrement, puis participe activement à la standardisation, dans le domaine de l’Internet des Objets que l’on appelait au départ M2M. Depuis la lorgnette d’un opérateur de réseau de télécommunications historique confronté à la concurrence, Marylin revient dans la chaine de la valeur des réseaux, de la numérisation des réseaux physiques, vers les services, les applications et aujourd’hui les données. Plus de 40 ans plus tard, elle termine sa carrière avec l’arrivée des outils d’intelligence artificielle matures et des technologies de fabrication nanométriques et quantique. Via sa société 5GImpulse, Marylin aide les start-up et les PME à appréhender le déluge d’innovations technologiques en cours.
René Joly
Ingénieur CNAM en électronique, après plusieurs années passées en électronique industrielle dans la sidérurgie en Lorraine, il a rejoint Télécom Paris où il a mené une longue carrière d’enseignant et de chercheur en systèmes informatiques et y a obtenu un CES (1979) et un doctorat (1983). En tant que professeur honoraire, il a terminé sa carrière professionnelle au sein de l’incubateur Télécom Paris où il a pu faire bénéficier les start-up de son expérience, de ses conseils et surtout de nombreuses mises en relation avec des Alumni de Télécom Paris. Il exerce aujourd’hui des missions de conseil et d’expertise en innovation dans le numérique.
Auteurs
Applications pour: smart grid, smart metering, automotive, e_health, home, ....
Micro et nano électronique, intégration,
20 ans de travaux en normalisation, à l 'ETSI.
chairwoman du premier groupe de travail sur l'IOT dénommé M2M.
Voir les 4 Voir les autres publications de l’auteur(trice)
Docteur Télécom ParisTech (1983)
* Consultant indépendant, Conseil en innovation dans les TIC