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06 octobre 2023

Éditorial

 Année après année, le PTN éclaire les bouleversements techniques, économiques et sociétaux des technologies numériques qui forgent le monde industriel de demain.

 


Après un dernier prix 2022 dédié à la cybersécurité, cette année le jury du PTN a souhaité se projeter en avant dans les révolutions qui s’annoncent dans les infrastructures numériques : en deçà du nanomètre, au-delà des générations technologiques actuelles des semi-conducteurs, voire au-delà des limites de la physique statistique, sur quelles infrastructures reposera le numérique de demain ?

 

L’ordinateur quantique est de ces révolutions industrielles à la fois espérées et redoutées.

Espérées car depuis l’apparition des transistors et semi-conducteurs, l’industrie du numérique s’est accoutumée à une croissance exponentielle, avec une loi de Moore empirique qui lui garantissait un doublement des capacités de calcul à intervalle de temps constant. Pourtant cette loi arrive à sa limite de validité, à une échelle de miniaturisation où la physique statistique qui sous-tend l’électronique ne s’applique plus.

 

En explorant d’autres caractéristiques de la mécanique quantique, tels que l’intrication et la superposition d’états, les ordinateurs quantiques font le pari d’utiliser des qubits (des bits d’information non déterministes) rendant possible des méthodes de calculs qui permettraient notamment la résolution en un temps linéaires d’algorithmes NP (non déterministe polynomial) complets.

 

S’ils tiennent ainsi un jour leurs promesses, ces ordinateurs quantiques annonceraient donc un saut dans les puissances de calcul des ordinateurs, bousculant au passage certains de nos acquis numériques, tels que l’inviolabilité en pratique des méthodes de chiffrement classiques.

Si personne ne peut prédire exactement quand des ordinateurs quantiques pleinement fonctionnels apparaîtront, ni si leurs propriétés seront pleinement quantiques, la course à ce développement industriel est lancée. Et à côté des quelques géants mondiaux en lice, le jury du PTN a souhaité mettre en lumière deux des start-up françaises qui tiennent la corde, Alice et Bob et Pasqal, qui explorent chacune avec des partis-pris technologiques très différents, la voie vers un ordinateur quantique industriel complet.

 

En parallèle, l’électronique continue d’évoluer sur d’autres voies, avec notamment les progrès faits par la photonique, qui permet d’envisager à échelle industrielle l’accélération des transmissions de données à la base du marché des data centers notamment. C’est cette révolution moins médiatique mais que le jury du PTN a souhaité mettre en lumière avec la distinction de Scintil Photonics, entreprise essaimée des laboratoires du CEA qui participe à cette course industrielle.

 

Enfin, parce que la crise Covid et les conflits géopolitiques ont révélé la fragilité en temps de crise d’une chaîne logistique mondiale morcelée, le support à l’industrie du numérique et la réindustrialisation de certains secteurs passe par l’investissement d’acteurs puissants. À ce titre, le jury du PTN a souhaité attribuer son prix du manager à Jean-Marc Chéry, qui vient d’être renouvelé à son poste de DG de ST Microelectronics, leader européen des composants électroniques, pour la stratégie de long terme qu’il mène au sein de son entreprise, avec notamment pour conséquence la réimplantation en France d’usines de fabrication de semi-conducteurs.

 

Pour que le numérique continue de tenir ses promesses économiques et sociétales, c’est bien sur le bouleversement de ces marchés et ces technologies d’infrastructures électroniques qu’il utilise que se joue une partie essentielle de la bataille.

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