Revue TELECOM 189 - Quand on est vivant, on répond au téléphone.
Quand on est vivant, on répond au téléphone.
Par Pascal Recchia (2000) dans la revue TELECOM n° 189
En 2011, le docteur Jérôme Villeminot, chirurgien orthopédiste, vient de passer plusieurs heures au bloc, il se dirige vers la cafétéria de l’établissement pour s’abreuver d’un café. Il y croise une patiente à qui, de bonne heure le matin, il implantait une prothèse unicompartimentale de genou. Il échange quelques mots, il prend alors pleinement conscience d’un fait, cette patiente n’a nullement besoin des services médicaux de l’établissement. Quelques mois après, le docteur Jérôme Villeminot réalisera la première pose en ambulatoire d’une prothèse totale du genou en France. Si une telle prise en charge réduit, de facto, l’exposition à des infections nosocomiales, elle n’est pas sans inconvénient, avec la distance induite entre le patient et l’acteur médical. Une étude américaine le souligne[i], le risque infectieux est d’autant plus limité lorsqu’il s’accompagne d’un accès précoce en postopératoire à l’équipe médicale. Mais pour y répondre, il n’y a pas nécessité à programmer nécessairement une consultation physique. Le numérique ouvre en effet une perspective dépassant la réduction du risque infectieux.
En 2016, le docteur Jérôme Villeminot conduit une expérimentation encadrant 92 patients. Cette expérimentation souhaite éprouver par les faits l’apport d’une solution numérique dans un épisode de soins ambulatoire. Cette solution se traduit par une sollicitation programmée du patient via un outil numérique (Ordinateur, téléphone…), le patient se voit invité à renseigner son état de santé en communiquant des données telles que son nombre de pas ou une saisie d’un score fonctionnel évaluant son autonomie… Les résultats (aucune réadmission, un niveau de satisfaction élevé) motivent le développement d’un outil numérique dédié enrichi de l’expérience alors glanée. En 2017, la société DIGIKARE est fondée, avec pour objectif la qualification d’acte de soins au travers de l’utilisation de son applicatif.
Son ambition est de doper la chirurgie orthopédique avec des données non biaisées fondées sur un recueil réalisé par le patient. Cette ambition répond à une réflexion mondiale motivant la valorisation des soins autrement que par leur volume ou leur taux de mortalité.
En novembre 2017, le premier produit, Ortone, proposé par la société est gratuit. Loin de ne répondre qu’à un souhait de pénétration de marché, il est motivé par une lacune, soit l’inexistence en France de données médicales autres que médico-administratives. C’est à peine croyable pour un pays classé 4ème en nombre de prix Nobel de médecine[ii] et 6ème en termes de publications en orthopédie[iii].
Le produit Ortone encadre numériquement des patients durant 99 jours, il dote les chirurgiens de données anonymisées inédites à une telle échelle (territoriale, …). Mais il peut également nourrir une frustration, soit l’impossibilité pour ces derniers de suivre individuellement leurs patients.
C’est à quoi répond le produit Orthense. Ce produit aide à l’évaluation, la sécurisation et la responsabilisation du patient dans son épisode de soins. Le produit valorise la pratique médicale mais également le patient. Les scores d’évaluation historiques connaissent des effets de seuils, sommes-nous capables d’accepter qu’aucun point d’amélioration n’existe ?
Le produit Orthense a une fin, assister l’avènement d’une médecine participative et pourtant individualisée.[i] Study finds low rate of surgical site infections following ambulatory surgery
[ii] All Nobel Prizes in Physiology or Medicine". Nobelprize.org. Nobel Media AB 2014. Web. 22 May 2018
[iii] Orthopedics research output from China, USA, UK, Japan, Germany and France: A 10-year survey of the literature. 2016;102(7):939-945. doi:10.1016/j.otsr.2016.05.005
La société DIGIKAREÉditeur d’une plateforme logicielle médicale dédiée à l’orthopédie. Souhaite doper la prise en charge orthopédique avec des données inédites saisies par le patient. Au service du Value-Based Healthcare et de l’Evidence-Based Medicine. “In God we Trust, all others bring data”, W. Edwards Deming www.digikare.comChiffres clésLe premier produit Ortone enregistre au mois de mars 291 patients et 21 chirurgiens orthopédistes y ont enregistrés au moins 1 patient. Alors qu’aucune mécanique de relance n’est mise en place, le taux de réponse dépasse les 45%, enfin 88% des patients interrogés au bout des 99 jours de suivi le recommanderaient. Le second produit Orthense commercialisé depuis quelques semaines, enregistre déjà 4 chirurgiens utilisateurs et 70 patients. D’ici quelques jours, la société DIGIKARE clôturera sa seconde levée de fonds, à laquelle ont pris part 5 chirurgiens orthopédistes. |
Biographie des fondateurs
La société DIGIKARE est le fruit de 5 fondateurs dont :
Pascal Recchia, (2000) CEO DIGIKARE
Mathématicien, Participe à une startup dès la sortie de l’école (place de marché électronique, XML). Rebondit dans le consulting informatique. En 2003, attiré par les volumes de données traitées par le commerce spécialisé, intègre un éditeur logiciel ciblant ce secteur. En 2007, créé un cabinet de conseils fortement spécialisé. En 2017, décide de mettre ses compétences au service de la santé en fondant la startup DIGIKARE.
Docteur Jérôme Villeminot
Que ce soit les siens, ou ceux de ses patients, sa vie tourne autour des genoux ! Parisien d’origine mais Alsacien de formation, il est installé à la Clinique Sainte Odile d’Haguenau depuis 2000. Son activité est exclusivement centrée sur le genou : arthroplasties, ligamentoplasties, arthroscopies. Attiré par le changement et l’innovation, et après un diplôme de management, la prise en charge en ambulatoire est devenue une évidence quant à la qualité des soins prodigués aux patients. C’est ainsi qu’il a pu réaliser la première prothèse totale de genou en ambulatoire en France en mai 2012. Actuellement, l’ambulatoire représente 80% de son activité de prothèse totale de genou. Fonde en 2017 la société DIGIKARE.